FIGURATION CRITIQUE
QU'EST-CE QUE FIGURATION CRITIQUE ?
Texte de Jeanine Rivais. Ecrit le 19-03-1989.

A la différence des autres salons qui font chaque année leur " salon-point-final ", Figuration Critique est avant tout un MOUVEMENT. Il a 11 ans d'existence et comprend 250-300 artistes (peintres, dessinateurs, sculpteurs, mais aussi holographistes, etc.) venus du monde entier, la plupart résidant en France. Ils ont tous une carrière internationale, et une qualité plastique incontestée. Ce groupe est formé d'un noyau (150 environ) qui se connaissent et se retrouvent. Et d'une partie qui se renouvelle chaque année, et assure dans le même esprit, le " sang neuf " de Figuration Critique. 
Ce mouvement se définit essentiellement par la FIGURATION. Tout en respectant les différences qui font sa richesse, il a su trouver une unité qui est récurrente dans ses manifestations. " Englobant toutes les formes signifiantes possibles, dans un ensemble de conception plus vaste et qui dépasse les clivages passés ou présents. Par figuration " critique ", il s'agit d'investir le choix figuratif comme l'une des voies d'accès au discours social, à l'instant où le texte se cherche à travers ses œuvres ". (Extrait des statuts). 
Pour le mot " CRITIQUE ", la définition est donnée par les textes des catalogues ou les textes ci-dessous. Ce mouvement se situe en réaction directe contre l'abstrait (sans nier la

Maurice Rapin et Calisto Peretti (droite) lors du salon FIGURATION CRITIQUE de MONS (Belgique) (1992).

valeur de certains artistes, mais en affirmant leur non-parenté). Et tout particulièrement contre le tachisme, comme étant absolument non signifiant : Mirabelle Dors devient tout à fait lyrique, lorsqu'elle évoque la dernière exposition de Beaubourg, où le Directeur a fait une démonstration sur l'Art des années 50 comme étant le tachisme, à l'exclusion de toutes les autres figurations !
FIGURATION CRITIQUE est un mouvement vivant : des réunions hebdomadaires permettent à ses artistes de " se rencontrer ", de " croiser le fer "… de se mesurer aux autres, parfois d'ailleurs, seulement de régler les problèmes du groupe, bref d'être " avec les autres " et non plus solitaires. Une grande réunion amicale et cosmopolite (au bon sens du terme). Tout à fait passionnante ! Sans aucune exagération, et sans aucun doute possible, ce mouvement est le creuset d'où partent les courants les plus actifs (artistiquement parlant), existant actuellement en France.
C'est si vrai que les pouvoirs publics, en train de pratiquer des coupes sombres dans les calendriers des autres salons " qui se ressemblent tous " (sic MacAvoy, Monneret, etc.) n'osent pas toucher à FIGURATION CRITIQUE qui " présente son identité propre ". 

QUI EST A L'ORIGINE DE CE MOUVEMENT ?

Les fondateurs en sont MIRABELLE DORS (qui en est la figure de proue), MAURICE RAPIN (son mari dans la vie, qui en est plutôt le technicien) et YAK RIVAIS qui a cessé de s'y intéresser depuis plusieurs années, ayant quitté la peinture pour se consacrer exclusivement à la littérature.
Mirabelle Dors et Maurice Rapin ont débuté en relation avec André Breton (comme tout le monde à cette époque, ou presque) ; mais ils sont très vite " entrés en dissidence " pour devenir pendant plus de vingt ans, les confidents de Magritte. Ils sont tous deux peintres de grand talent, et Mirabelle Dors est en outre un sculpteur immense.

COMMENT SE MANIFESTE FIGURATION CRITIQUE ?

Chaque année, FIGURATION CRITIQUE organise un salon. Monsieur Hubert Curien, ministre, a accepté pendant plusieurs années de préfacer le catalogue.
Ce salon a itinéré aux USA, en Corée, en Belgique, en Italie (Pise), en Espagne, etc. En province (Bordeaux, Toulouse…) A Pise, un certain nombre de colloques sont prévus, animés par des universitaires comme Maurice Rapin, Robert Estivals et ses homologues italiens.
Le catalogue est réalisé depuis plusieurs années, par un éditeur-mécène en Corée. Il reste cependant plus de 100 000F à payer, plus la location du Grand Palais qui devient chaque année plus prohibitive. C'est énorme pour les artistes, mais tous les salons en sont là ! Quelques sponsors (Jean-Yves Ramelli d'Art-Club ; Vidéostone, etc.) aident un peu les organisateurs. Il reste que cette situation est très dure !
Cette année, chaque artiste aura une page entière, et à la fin du catalogue, sa photo avec une notice biographique. Ce sera un véritable livre d'art.
Dix-sept ans ont passé depuis que ce texte a été écrit ; et vingt-huit depuis la publication officielle des statuts du Salon (1978). Ayant acquis une réputation internationale, ce groupe fut dynamique, convivial, porteur d'idées fortes. Constater ce qu'en ont fait les rapaces qui s'en sont emparés est positivement navrant. Sans passé culturel ou historique, artistes médiocres de n'être qu'ambition, les cinq ou six auteurs du putsch qui a spolié la trop confiante Mirabelle de la responsabilité de son salon, ont transformé la grande manifestation festive et exemplaire de naguère en un modèle de banalité. Ils ont réduit à néant un label prestigieux fruit d'une longue réflexion sur l'art et d'un investissement personnel de chaque instant, en ont fait une écorce vide. Regrets ! (Et, d'après la rumeur, les loups qui n'ont pas tardé à se manger entre eux ont été remplacés par d'autres !)

QU'EST-CE DONC QUE FIGURATION CRITIQUE ?
EXTRAITS DES STATUTS: POURQUOI FIGURATION CRITIQUE ?

(Monographie " Mirabelle et Rapin par Mirabelle Dors et Maurice Rapin ", p. 329 ; éditions API Séoul)
Ce mouvement se définit essentiellement par la figuration, tout en respectant les différences qui font sa richesse ; "englobant toutes les formes signifiantes possibles, dans un ensemble de conception plus vaste et qui dépasse les clivages passés ou présents. Par Figuration "critique", il s'agit d'investir le choix figuratif comme l'une des voies d'accès au discours social, à l'instant où le peintre se cherche à travers ses œuvres… Figuration Critique était un terme épistémologique que nous avions utilisé dès les années 50, pour séparer les pouvoirs des images de ceux des figures. Car, à l'inverse de l'image qui est une pure projection, la figure est toujours engagée dans une continuité intellective, dont la tâche est d'expliquer, de justifier, de rendre compte, alors qu'il suffit, ordinairement, à l'image de paraître pour être… "
(L'intégralité des statuts a été déposée à la Préfecture de Paris).