VERNISSAGE EXPOSITON CALISTO PERETTI AU BOIS DU CAZIER
DISCOURS PRONONCE LE 7 AOUT 2007 PAR DANIEL PIRON, SECRETAIRE REGIONAL DE LA FGTB CHARLEROI ET SUD-HAINAUT


Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Permettez-moi, au nom du front commun syndical carolorégien, de vous souhaiter la bienvenue au vernissage de l'exposition: "Calisto PERETTI au bois du Cazier, trente années de combat pour la sécurité au travail", organisée à l'initiative de la FGTB Charleroi & Sud Hainaut et de la CSC Charleroi entre Sambre et Meuse Thuin sur le site du Bois du Cazier à Marcinelle.
Merci à toutes et à tous de nous avoir rejoints.
Je céderai, dans quelques instants, la parole à Alain Bousard, Secrétaire
Fédéral adjoint de la CSC Charleroi entre Sambre et Meuse Thuin qui vous adressera, à son tour, quelques mots de bienvenue.
Mais avant toute chose, je souhaite adresser nos remerciements au personnel et à la direction de l'ASBL Bois du Cazier et à la ville de Charleroi, partenaires toutes deux de cette initiative et sans l'aide desquelles cet événement n'aurait pu avoir lieu.
Mes remerciements vont aussi à Vincent Vincke, professionnel de la communication et, à l'occasion, scénographe qui, avec le concours majeur de l'artiste, a œuvré d'arrache pied a l'excellente tenue de l'exposition que nous vous inviterons à découvrir ensemble tout à l'heure.
Mais l'homme qui est à l'honneur aujourd'hui, c'est Calisto PERETTI.
Avant d'évoquer brièvement devant vous, pour celles et ceux qui n'auraient pas l'avantage et le plaisir de le connaître, les principales étapes du parcours professionnel et artistique de Calisto, il me semble pertinent de vous faire savoir les raisons qui ont poussé la FGTB et la CSC à s'associer pour mettre en évidence le travail, les œuvres d'un artiste qui, sa vie entière s'est mis au service du monde du travail.
Trois motivations soutiennent, à nos yeux, ce chantier. Deux ont trait à l'émotion. La troisième relève du pragmatisme.
La première émotion, vous l'aurez compris en franchissant la grille du site du Bois du Cazier, relève du devoir de mémoire et du respect que nos organisations syndicales souhaitaient exprimer en cette veille de la 51ème commémoration de la catastrophe du Bois du Cazier dans laquelle 262 mineurs perdirent la vie dans d'atroces souffrances. Mémoire et respect envers ces 262 mineurs victimes d'un accident du travail, et envers leur famille. Aucun autre lieu ne nous apparut plus indiqué que celui-ci pour abriter deux mois durant, les œuvres de celui qui n'eut de cesse de stigmatiser les dangers auxquels sont confrontés quotidiennement les travailleurs, lui qui fut marqué, des sa plus tendre enfance, par la disparition brutale d'un père mineur et, dès son adolescence, par la catastrophe du Bois du Cazier.
La seconde émotion relève, quant à elle, du plaisir qu'ont les travailleurs, quoi qu'en pensent certaines élites, à apprécier l'expression artistique sous toute forme fut-elle didactique et interpellante. Vous constaterez vous même tout à 1'heure en parcourant les cimaises de l'auditorium qui nous surplombe et ou se trouve l'exposition, la qualité plastique des croquis, dessins et affiches réalisés par Calisto, convaincu de longue date que le message que ces supports véhiculent aux travailleurs nécessite une qualité artistique sans faille.
Le troisième moteur de cette initiative relève, quant à lui, du pragmatisme et de la lutte incessante des organisations syndicales pour plus de sécurité au travail. Ne pas perdre sa vie à la gagner est une formule consacrée en la matière, et penser que celle-ci aurait, aujourd'hui moins qu'hier sa place sur les lieux de travail, serait faire fausse route.
Selon le rapport d'activité du fonds des accidents du travail, en l'an 2004, derniers chiffres disponibles, 82.559 accidents du travail ont entraîné une incapacité temporaire, 1l.751 accidents du travail ont entraîné une incapacité permanente et 122 accidents du travail ont causé la mort de la victime. Ceci sans compter les accidents du travail qui ne font l'objet d'aucune déclaration de l'employeur, ni les 70 à 80.000 accidents enregistrés en moyenne chaque année et qui n'ont entraîne aucune incapacité.
De ce même rapport, nous pouvons constater, et l'information a toute son importance dans le combat que nous menons pour une représentation syndicale dans les petites et moyennes entreprises comptant moins de 50 travailleurs et où ne sont pas organisées d'élections sociales pour instituer des délégués au comité de prévention et de protection, qu'au sein de celles-ci, qui occupent 36,8 % du nombre d'emplois équivalent temps plein. De toutes les entreprises, surviennent 55,9 % du total des accidents du travail mortels et 44 % des accidents du travail entraînant une incapacité permanente.
Qui pourrait encore croire aujourd'hui, à l'éclairage de quelques chiffres que je viens de citer, que l'expression « une société sans mémoire est une société sans avenir» n'a pas toute sa pertinence ?
Qui oserait dire que les temps ont change et que nos préoccupations du passé n'ont place ni dans le présent ni dans l'avenir ?
Enfin, je voudrais adresser quelques mots à l'attention de Calisto.
Calisto, voilà à peine quelques mois que j'ai fait ta connaissance. Au fil de nos rencontres préparatoires à cette exposition j'ai découvert en toi un homme rempli d'idéal, un militant de la cause ouvrière hors du commun. 30 années de ta vie consacrées au combat pour plus de sécurité au travail. 30 années de ta vie consacrées aux autres.
30 années de ta vie dédicacées à faire en sorte que des familles ne vivent pas la douleur d'un accident invalidant ou la disparition d'un proche.
Que de vies épargnées grâce à toi, que d'accidents évités. Pour tout cela, les deux organisations syndicales te disent, avec émotion, un grand merci et, à l'heure ou d'aucuns se prétendant artistes ne cherchent dans leur activité que lucre et honneur, quel plaisir de constater qu'il y a sur cette bonne terre wallonne des êtres humains qui mettent leur art au service des autres avec modestie.
Que Johnny Halliday, à la recherche de paradis fiscaux, aille se faire voir aux Iles Caïmans, de là nous aurons peut être la chance de ne plus entendre ses complaintes. Mais toi, reste encore longtemps parmi nous et continue à nous faire ressentir la chaleur de la fraternité et de la solidarité.